Fongecif IDF réforme sur la formation professionnelle
Promulguée en septembre 2018, la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel entraîne de profonds changements et impactent lourdement les habitudes et les organismes en place. Nous avons fait le point avec Myriam Pesic, Présidente du Fongecif Île-de-France qui nous explique les mutations auxquelles le Fongecif est confronté et les nombreuses incertitudes qu’entraînent ces changements.
« Cette nouvelle Loi a la volonté de simplifier l’accès à la formation professionnelle, c’est une bonne chose. Toutefois, les changements qu’elle entraîne sont importants tant pour les bénéficiaires qui vont être formés que pour les salariés qui sont au service de la formation professionnelle. Nous vivons une situation délicate qui engendre de nombreuses incertitudes » explique Myriam Pesic.
DES CHANGEMENTS MAJEURS.
« Au 1er janvier 2020 le Fongecif Île-de-France en tant que tel n’existe plus ! » nous explique Mme Pesic. C’est à cette date que tous les Fongecifs perdent leurs agréments et se transforment en Commissions Paritaires Interprofessionnelles Régionales.
« Ce changement est naturellement au coeur de notre préoccupation. Les équipes du Fongecif sont inquiètes car – à ce jour – nous n’avons aucune certitude sur l’avenir du personnel. »
Voilà une première conséquence très concrète de la mise en oeuvre de cette nouvelle Loi.
« Les Fongecifs se transforment en Transition Pro, mais comment ? Avec quel accompagnement ? Quelles missions et surtout quels moyens ? Nous attendons encore des précisions. Cette position d’attente n’est naturellement pas satisfaisante ».
La liste des modifications proposées dans cette Loi ne s’arrête pas là, puisque l’on voit apparaître la création du CPF de transition professionnelle (compte personnel de formation de transition professionnelle). Ce nouveau compte finance une action de formation certifiante dans le cadre d’un projet de transition professionnelle et fait disparaître tous les dispositifs historiques financés au sein des Fongecifs. Les formations non certifiantes disparaissent, ainsi que celles qui concernent le développement personnel. Et l’apprentissage se positionne comme une filière d’exception.
Les Opca sont remplacés par des « Opérateurs de compétences» (opcos), qui sont également gérés paritairement mais qui ne collectent plus les sommes destinées à la formation professionnelle. Cette mission est maintenant du ressort des Urssaf. « On parle de 1800 suppressions de postes ! » précise Myriam Pesic.
« Cette réforme bouleverse également la gouvernance avec une véritable révolution, la création d’une nouvelle autorité nationale de régulation et de financement : France Compétences qui remplace les trois instances existantes : FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels), le Copanef (Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation et le Cnefop (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles).
Cette nouvelle instance est sous tutelle du ministère du travail et gère la qualité de la formation et propose le cahier des charges de l’accréditation et de la certification des organismes de formation (certification qui deviendrait obligatoire pour bénéficier des fonds publics ou paritaires). »
ALLER DE L’AVANT.
« Les partenaires sociaux d’Île-de-France ont décidé d’aller de l’avant » nous explique Myriam Pesic. « Afin de répondre à l’appel d’offre sur le CEP, les partenaires sociaux ont décidé de créer au niveau de l’Île-de-France, un consortium. La CFTC au niveau national a été moteur sur la création de ce consortium. L’idée est donc que les salariés qui ont la mission du CEP au Fongecif puissent aller vers l’organisme qui remportera le marché. Il est inimaginable de ne pas s’appuyer sur les compétences et les savoir-faire de nos personnels dont on ne cesse de vanter les compétences. »
« Je ne vous cache pas que ce flou est très pesant pour les équipes et je qualifierais même le climat actuel d malsain mais il est important de rester concentré sur notre mission : l’accompagnement des actifs dans leur évolution professionnelle. Alors, nous avançons et nous faisons en sorte d’assurer la même qualité de service dans un contexte difficile. »
UN TIMING EXTRÊMEMENT SERRÉ.
Afin de pouvoir répondre à cet appel d’offre plusieurs étapes doivent être franchies. Aujourd’hui, le consortium vient d’être créé et le 6 mai la candidature du consortium a été déposée. Le 20 Mai, les instances nationales feront un retour sur les dossiers de candidature. Certains seront écartés et les autres pourront répondre à l’appel d’offre officiel à la date prévue, le 24 juin.
Les retours définitifs et la désignation du choix de l’opérateur ne seront pas effectifs avant le mois d’octobre pour une mise en application au plus tard en janvier 2020.
« Les salariés du Fongecif sauront à partir du mois d’octobre où ils pourront candidater. Comme vous le comprenez, nous sommes à la croisée des chemins pour les collaborateurs du Fongecif qui se trouvent aujourd’hui dans le même cas que les salariés qu’ils accompagnent dans leur transition professionnelle. Leur demande est claire : être accompagné dans cette mutation et ce, quelle que soit leur mission. Notre rôle est de leur apporter des réponses mais comment faire alors que nous attendons des clarifications ? Nous sommes freinés par un grand nombre d’incertitudes. Le monde du paritarisme est bousculé, cette réforme bouleverse profondément le modèle. C’est une situation très anxiogène» nous explique Mme Pesic.
Myriam Pesic souhaite rester optimiste malgré la situation. « En avril 2018 nous avons fêté les 35 ans du Fongecif Île-de- France. Nous sommes très fiers du travail réalisé au cours de toutes ces années. C’est près de 500 000 projets qui ont été financés sur cette période. Les équipes CFTC dédiées à la formation professionnelle souhaitent rester optimistes et mettent tout en oeuvre pour que cette réforme soit une réussite. Elles restent motivées pour impulser la suite et faire perdurer la garantie d’un accompagnement et d’une formation de qualité. »
Quelques chiffres comparatifs pour le Fongecif IDF qui finançait 8 dispositifs.
A fin Avril 2018 : 6038 dossiers
enregistrés tous dispositifs confondus dont 3771 CIF (3299 CIF CDI et 472 en CDD)
A fin Avril 2019 : 1992 dossiers
enregistrés de CPF de Transition Professionnelle
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